Rattle That Lock : David Gilmour frappe très fort !

J'attendais avec impatience la sortie de ce nouvel album de David Gilmour, annoncé depuis la sortie l'année dernière de "The Endless River" , l'ultime album de Pink Floyd sorti en hommage à son claviériste Richard Wright, emporté par la maladie en 2008.

Mais Mister Gilmour le répète à longueur d’interviews, Pink Floyd c'est bien fini...et pourtant, difficile de ne pas identifier au premier coup d'oreille "la guitare et la voix de Pink Floyd", comme il est judicieusement et commercialement indiqué sur la pochette de ce 4ème opus solo.

Le précédent album du guitariste virtuose, "On a Island" sorti en 2006 était assez soft, zen et de grande qualité. Mais à mon avis, ce nouvel opus est largement supérieur, plus punchy et plus audacieux à la fois. Même si on retrouve parfois le son familier (et rassurant) du Floyd, David Gilmour n'hésite pas à osciller entre rock et jazz... revue de ce petit bijou intitulé très justement Rattle That Lock :

- 5 A.M : A cette heure-ci, mieux vaut se réveiller en douceur ! Pas de surprise donc en introduction : quelques bruits de nature, une guitare planante, bref une entrée en matière instrumentale et flodienne mais le reste sera quand même nettement plus personnel...on s'attend à "On an Island 2"...Eh non !

- Rattle That Lock : Bon là les fans ne sont pas surpris, puisque ce titre est le 1er single diffusé. Les médias français "grand public" qui habituellement méconnaissent totalement Pink Floyd (à part Money et The wall) à fortiori son guitariste, se sont ébahis devant l’utilisation du jingle de la SNCF, enfin au moins, ils ont ouvert leurs antennes au son gilmourien même s'il ne faut pas s'attendre à des diffusions sur plus long terme...Ce titre pourrait pourtant faire un bon "tube", il groove bien et je ne pourrais plus jamais entendre le jingle dans une gare sans y associer ce titre ! Un bon rock simple et efficace !

- Faces of Stone : Entrée particulièrement mélancolique avec ses notes de piano d'apparence "maladroites" puis la voix de Gilmour sur sa guitare folk. C'est une chanson hommage à sa mère, avec, comme il l'a pu le faire par ailleurs, une incursion dans l'enfance assez bien illustrée par des sons d'instruments appropriés (clarinette, accordéon) et un ryhtme à trois temps (on se croirait sur un manège !), avec de beaux solos de guitare électrique en apothéose, magnifique !

- A Boat Lies Waiting : La disparition de son camarade Richard Wright l'a visiblement marqué. Après l'album-hommage de Pink Floyd, Gilmour revient encore saluer la mémoire du discret claviersite du groupe, dont on entend d'ailleurs la voix. Le ton est à l'instar de Face Of Stone, mélancolique, mais ici, il le reste jusqu'au bout, point d'envolées lyriques de guitares, mais les voix judicieusement posées de David Crosby et Graham Nash ( du célèvre Crosby, Still & Nash), déjà présentes sur "On a Island" .

- Dancing Right in Front of Me : Rythme quelque peu chaloupé, avec un super riff qui revient en ritournelle, un pont jazzy et côté couplet, c'est plus classique. Tiens, le batteur, c'est Andy Newmark, celui qui avait remplacé Nick Mason lors du coup d'état de Roger Waters sur "Final Cut" où le bassiste du Floyd avait relégué ses collègues au rang de simples musiciens de session après s'être débarrassé de Richard Wright pendant "The Wall" et avoir découragé le batteur historique du groupe...Bref revenons à nos sheeps ;) , un bon morceau, pas le meilleur mais tout est relatif, face aux productions concurrentes (s'il en reste) , la barre est haute !

- In Any Tongue : Superbes orchestrations, la voix de Gilmour s'aggrave en vieillissant, c'est assez perceptible ici mais particulièrement touchant. En revanche, elle a encore du punch pour le refrain épique après les notes pianistiques, et puis le final à la "Comfortably Numb", génial !!!

- Beauty : Intermède flodien pour ce deuxième instrumental. Le son est proche de "The Endless River" mais quand on sait qui est aux commandes, on est pas surpris. C'est un régal pour les oreilles, puis le tempo monte et vous emmène dans un rythme assez soft sur lequel Gilmour s'exprime à la guitare electrique, cela pourrait s'éterniser, mais en bon producteur, il sait s'éclipser avant de lasser... et nous surprendre sur le titre suivant...

- The Girl in the Yellow Dress : Mister Gilmour se lance dans le pure jazz ! Rafraichissant ! Et la voix colle si bien à cette musique qu'on se demande pourquoi il n'enregistrerait pas tout un album dans le genre (à l'instar de Paul Mc Cartney dans "Kisses on the Bottom") . Une bonne surprise sur cet album, avec en prime la participation de Robert Wyatt (ex soft Machine), ami de la première heure du pink floyd, lorsque le groupe était psychédelique puis progressif ! Cherry over the cake, un certain Rado Klose, plus communément appelé Bob Klose, l'un des premiers membres de Pink Floyd des années 60, avant l'enregistrement de leur 1er album, participe à ce titre !

- Today : A mon avis, le meilleur de l'album ! Intro genre chant de messe sur harmonium puis un rythme dance qui vous envahit, sorte de croisement de Pink Floyd et de vague disco 70's à la Bee Gees ou Moroder ! A écouter en boucle !

- And Then... : Un instrumental pour clôturer ce chef d’œuvre (n'ayons pas peur des mots !), retour du thème de 5 A.M. pour bouler la boucle. La guitare qui pleure à souhait vous replonge dans la mélancolie après la bousculade du titre précédent, mais une mélancolie ouverte sur un ciel bleu, un espoir, un optimisme...A l'écoute de cet album, il reste un tel sentiment de bien être, que son achat devrait être remboursé par la sécu !

Bon, étant un vieux (enfin tout est relatif !) fan de Pink Floyd, je ne suis certainement pas objectif, mais en même temps, je ne suis pas journaliste ! J'espère vous avoir donné envie d'écouter autre chose que la soupe servie à longueur de journée sur les radios commerciales !

Pour finir de vous convaincre, je vous invite à écouter AMAROK sur SUN, (93 FM à Nantes ou www.lesonunique.com) dès dimanche à 20h00, je consacre tout le mois d'octobre à cet album, en diffusant deux ou trois titres dans chaque émission. Rendez vous est pris ? Alors à dimanche ! !

Radiophoniquement vôtre,

Thierry Joigny